Le bruit d’outre-tombe à 8 000 tr/mn, la précision d’un scalpel, l’agilité d’un kart, l’efficacité d’une bête de course… Oui, mais pas seulement. L’Huracán Tecnica, c’est aussi et surtout un robinet de sensations dans la vie de tous les jours. Où le moindre non-événement de la circulation devient mémorable.

La ou il ne se passe rien dans une GT classique, mais où l’Huracán Tecnica parvient à vous hérisser les poils des bras, en deux temps trois mouvements. S’il y avait des capteurs de pouls sur son volant, le graphique serait constamment en dents de scie sauteuse. Premier pic lorsque le V10 aboie comme un doberman enragé au rétrogradage.

Les silencieux en remettent une couche en tambourinant des échos qui font froid dans le dos. Le contact à la pédale de frein prend le relais, avec une attaque instantanée et l’impression de poser directement la semelle contre les disques en céramique. La Tecnica a quelque chose d’animal. Elle est aux aguets, vous le fait sentir et vous le transmet.

A peine quelques degrés d’angle au volant et le train avant amorce le mouvement tandis que les roues arrière directrices l’amplifient. Une toupie. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, la Lamborghini change de direction avec une agilité désarmante. Avant d’en ressortir et de faire à nouveau crépiter ses silencieux, en vous relançant le rythme cardiaque par la même occasion.

Voilà comment le plus anodin des ronds-points perdus au milieu d’une zone commerciale déserte devient une attraction digne de la Foire du Trône. Donc, imaginez sur circuit ! C’est ce que Lamborghini nous invite à faire sur la piste de Valence en Espagne et, forcément, ça ne se refuse pas.

Le 5,2 litres respire comme celui de la STO, avec qui il partage le même niveau de puissance, avec un poids total légèrement supérieur (1 379 kg revendiqués à sec au lieu de 1 339 kg).

Dans cette configuration 640 ch, le 40 soupapes paraît totalement débridé par rapport aux 570 ch de l’Audi R8 RWD. A propos de roues motrices justement, l’adhérence demeure excellente en propulsion. Les amorces de survirage restent progressives, contrairement aux McLaren et Ferrari dont les turbos génèrent des vagues de couple moins faciles à anticiper.

De l’intérieur, le V10 de la Tecnica est plus communicatif que celui de l’Huracán RWD. Il est plus sonore aussi, sans en faire trop, juste ce qu’il faut pour les mélomanes.

Non seulement la Tecnica s’exécute sans broncher, mais en plus elle vous donne l’impression d’être un vrai pilote. Qu’il s’agisse de grip, de réactivité lors des changements de cap, de précision dans les placements ou encore de stabilité en appui, cette Lamborghini frise le sans‑faute.

Cette Huracán est un savant mélange d’efficacité, de facilité et d’agilité noyées dans un torrent de sensations.

Quel moteur ! N’écoutez pas les porschistes qui lui reprochent son relatif manque de gouache à bas régime : dans cette configuration, ce V10 reste l’une des plus belles mécaniques du marché. Certaines de ses vibrations d’admission et ses relents d’échappement rappellent le V12 maison et sa faculté à vous remuer les tripes à la moindre occasion.

Aussi bien en montée dans les tours qu’à la décélération, quand les boîtes à air ou les silencieux résonnent comme des puits sans fond. En matière de performances revendiquées, les chiffres avancés par Sant’Agata placent la Tecnica entre les Huracán STO et RWD : 3’’2 de 0 à 100 km/h (au lieu de 3’’0 et 3’’3 respectivement) et 9’’1 de 0 à 200 km/h (contre 9’’0 et 9’’3).

Comme le précise Victor Underberg, directeur du développement de Lamborghini : « Si vous la comparez à l’Huracán Evo et à la STO, la Tecnica est plus proche de la STO. Nous voulions vraiment apporter la précision de conduite et la rapidité dans les réactions mais sur la route. Cette combinaison donne deux visages à la voiture. D’un côté, l’efficacité, et de l’autre, la facilité. Vous pouvez rouler pendant cinq heures tout en restant relaxé. A vrai dire, la Tecnica est aussi facile à conduire sur route ouverte que sur circuit. »

Elle crée une tension permanente stimulante sans être oppressante. Une sorte de bête féroce, mais facile à vivre. Cette dualité est d’autant plus rare aujourd’hui, dans un contexte qui a tendance à lisser les sensations, même à ce niveau de prestations